Bio

1925-1952 : les racines de l’Indochine

Bernard Moitessier est né en 1925 en Indochine, à l’époque coloniale (l’actuel Vietnam) de parents français. Il est l’aîné de cinq enfants, dont trois frères et une sœur. Sa mère, artiste, est diplômée des Beaux-Arts, son père, commercial, diplômé d’HEC.

L’enfance et l’adolescence se passent à Saigon (Ho Chi Minh Ville), agrémentées des trois mois de grandes vacances dans un village de pêcheurs du golfe de Siam, « entre mer et forêt« , où il noue une grande amitié et complicité avec les enfants des pêcheurs et développe un goût prononcé pour la vie proche de la nature. Les pêcheurs l’initient à la navigation sans instrument, en contact direct avec les éléments.

Marqué par cet apprentissage, il fera de la simplicité de moyens un véritable art de vivre tout au long de sa vie. Et il rêve d’un grand départ sur l’eau.

Champion de natation de Cochinchine, comme son frère cadet et son père, il préfère la piscine à l’école. Quittant le lycée à 15 ans, il commence l’École pratique d’industrie de Saïgon puis intègre l’École d’agriculture de Bencat, ce qui l’amène à être responsable d’une exploitation d’hévéas à 18 ans. Il est ensuite employé chez son père dans son entreprise d’import-export de produits alimentaires, appelé naturellement à lui succéder, en tant que fils aîné, mais il n’a pas la fibre commerciale.

Puis vient en 1945 la seconde guerre mondiale, l’occupation japonaise, pendant laquelle il connaît la prison pour avoir dressé le drapeau français au balcon. Après la capitulation du Japon, commence la guerre d’Indochine, franco-vietnamienne contre le Viet-minh ; parlant l’annamite (vietnamien), il est embarqué comme interprète sur l’aviso la Gazelle en 1946 pour son service militaire. Il échappe miraculeusement à un tir de « Viet » et depuis, ne peut viser l’ennemi pour lui retirer la vie.

Après son engagement militaire, il démarre une affaire de cabotage à la voile sur une jonque de transport, entre RachGia et Kampot, au Cambodge pendant six mois qu’il doit arrêter par sécurité. Il part alors à la découverte de l’Europe pendant six mois et sur le paquebot de retour, rencontre Marie-Thérèse qui devient sa fiancée mais pour peu de temps, car il ne reconnaît plus « son » pays en proie à la violence et sent qu’il devra le quitter. Après un retour dans l’entreprise de son père, l’occasion se présente de réaliser son rêve de partir en mer : à 26 ans, en 1951 avec son ami Pierre Deshumeurs, il débute l’aventure sur le Snark destination l’Australie… mais est contraint à un retour obligé à Saïgon six mois plus tard avec un bateau qui menace sans cesse de couler.

1952-1958 : la liberté et l'Aventure...avec Marie-Thérèse et Marie-Thérèse II

En 1952, avec une jonque trouvée à Kampot au Cambodge baptisée Marie-Thérèse, il quitte définitivement son pays natal, l’Indochine, en solitaire. Avec les seules expériences de navigation acquises avec les pêcheurs non loin de son village, et des moyens rudimentaires pour se positionner : un sextant et un compas, il se lance à l’aventure et se trouve aussitôt confronté à la mousson dans l’océan Indien pendant six semaines. Faute de pouvoir estimer sa position avec suffisamment de précision, il fait ensuite naufrage aux Chagos, petit archipel au milieu de l’océan Indien.

Débarqué à l’île Maurice, « l’île de l’amitié », il y passe trois ans, pratiquant divers métiers : fabrication de charbon de bois, pêcheur sous marin, directeur d’une exploitation de pêche et de guano aux îles St Brandon, secrétaire du consul de France, et construit un nouveau voilier Marie-Thérèse II de ses propres mains avec les matériaux locaux, très peu de moyens mais beaucoup d’amitié et une seule idée en tête : repartir en mer.

Avec Marie-Thérèse II, il met le cap sur Durban en Afrique du Sud, y passe un an pour renflouer la caisse du bord, s’improvise charpentier de marine et travaille comme spécialiste du calfatage marin. A Cape Town, il finit la préparation de son bateau tout en pratiquant le métier de mécanicien d’entretien. Il crée des liens d’amitié très forts avec les autres « vagabonds des mers » rencontrés sur sa route, dont Henry Wakelam, sur Wanda. Une vie spartiate et de débrouille s’improvise, à glaner les objets de récupération pour s’équiper, à bricoler des inventions avec Henry comme une pilote automatique inspiré de celui de Marin Marie ou une cloche à plongeur, et d’imaginer moult combines pour se nourrir.

Il quitte Le Cap pour les Antilles via Sainte-Hélène, Ascension, Fernando Noronia, Trinidad, Martinique, retrouvant son ami Wakelam sur Wanda aux escales.

Partant précipitamment de Martinique, fatigué, pour rejoindre une amie débarquant à Trinidad de façon anticipée, à l’époque où les communications n’étaient pas directes et instantanées, il ne résiste pas au sommeil, et fait naufrage sur la côte de Saint Vincent.

 

1958-1960 : en France, sans bateau

Après le naufrage aux Antilles, Bernard Moitessier, démuni à nouveau, envisage de construire un bateau en papier journal et sac de jute enduit de brai, à la façon des paniers en bambou tressé d’Indochine, quand l’opportunité d’une traversée vers l’Europe comme matelot sur un pétrolier se présente. Il y apprend l’entretien d’une coque en acier.

Arrivé à Paris, il fait l’expérience de la vraie solitude. Mais il rebondit en devenant visiteur médical pour les laboratoires Midy, métier qui lui permet de sillonner la France et d’écrire, dans les salles d’attente des médecins, ses aventures dans un premier livre « Un Vagabond des Mers du Sud » sur les conseils de Jean-Michel Barrault, rédacteur dans la revue nautique Le Yacht. Il exerce aussi divers petits jobs comme vendeur d’un produit miracle pour faire briller les carrosseries.

1960-1969 : Les grandes navigations et les records avec Joshua sur les 3 océans

Grâce au succès de son livre sorti en 1960, il peut envisager la concrétisation du rêve d’un nouveau voilier que l’architecte Jean Knocker se propose de lui dessiner et que Jean Fricaud lui offre de construire dans son chantier Meta à Chauffailles en Saône et Loire, entreprise de construction de pelles mécaniques qui va se transformer en chantier naval. Il le baptise Joshua en hommage à Joshua Slocum, premier navigateur à avoir réalisé un tour du monde à la voile en solitaire. Une abondante correspondance avec Knocker a donné naissance à un plan de ketch de 12 mètres, en forme, à quille longue, prévu au départ en bois et finalement construit en acier. Moitessier s’installe à Chauffailles pour participer à la construction. Le chantier démarre en septembre 1961, se termine mi-décembre, et Joshua est mis à l’eau en février 1962 dan la Saône. Manquant de finances, il équipe le ketch au plus simple : les mâts sont des poteaux télégraphiques, il n’y a ni winch ni moteur.

Entretemps, en décembre 1960, Bernard Moitessier se marie avec Françoise Terras-Jung, à Marseille, une amie de la famille, mère de trois enfants.

Il se lance dans l’école de croisière avec Joshua dès l’été 1962 en Méditerranée pour deux saisons. Il embarque de nombreux stagiaires et leur fait découvrir la navigation dans un esprit de sobriété, en privilégiant le contact direct avec les éléments, en évitant par exemple d’utiliser le compas en barrant, manœuvrant entièrement à la voile et n’hésitant pas à sauter à l’eau dans les mouillages pour aller mettre une amarre à terre.

Avec sa femme, ils partent ensuite pour un long périple avec escales (de fin 1963 à mars 1966) de Méditerranée aux Canaries, suivant ensuite la route des alizés vers les Antilles puis par le canal de Panama, débouchent dans le Pacifique et font escale aux Galapagos, aux Marquises, Tuamotu et Tahiti. Ils décident alors de rejoindre l’Europe par le sud, par le Cap Horn, « la route logique », la plus rapide, mais route difficile et dangereuse. Il aménage Joshua pour affronter les mers du sud : chaise de barre intérieure, coupole pour barrer de l’intérieur bricolée à l’aide d’une bassine de fer blanc qu’il perce de hublots. Ils subissent un terrible coup de vent pendant six jours et six nuits avant le Cap Horn avec une mer gigantesque.

Arrivés à Alicante le 23 mars 1966, après 126 jours de mer et 14 216 milles sans escale, ils battent sans le savoir ni le vouloir un record (pour lequel ils recevront la Blue Water Medal du Cruising Club of America.)

Moitessier raconte ce grand périple dans « Cap Horn à la voile » qui sort pour le salon nautique début 1967. Terminé trop vite sous la pression de sa sortie au salon, ce livre donne des remords profonds à son auteur : de ne pas avoir été par les mots à la hauteur de ce que cette fabuleuse traversée lui avait apporté. Il parle de trahison et veut se racheter. Il projette de réaliser un tour du monde à la voile en solitaire et sans escale qu’il raconterait dans un nouveau livre en prenant son temps.

 

22 août 1968- 21 juin 1969 : Plymouth-Tahiti

Un tour du monde et demi en solitaire, sans escale et sans assistance : La Longue Route

Fasciné par les mers des hautes latitudes, il envisage cette traversée « gigantesque » : un tour du monde d’Ouest en Est par les trois Caps : Bonne-Espérance, Leuwin et Horn, en solitaire et sans escale, ce qui ne s’est encore jamais fait. Son ami Loïck Fougeron partage cette envie et ce projet. A cette époque, Francis Chichester venait de terminer le premier tour du monde en solitaire avec une seule escale en mai 1967.

Alors qu’il se prépare pour cette aventure extrême, le journal Sunday Times en Angleterre décide d’organiser une course autour du monde en solitaire et sans escale : le Golden Globe avec des prix à la clé (pour le plus rapide et pour le premier arrivé) et lui propose de s’y joindre. Moitessier s’insurge contre l’esprit de compétition et la médiatisation pour un challenge personnel d’une telle ampleur avec si peu de chance d’aller au bout, mais il prend finalement le départ en précisant qu’il ferait sa course selon ses propres critères.

Le règlement de la course est ouvert quant à la date du départ, entre juin et octobre 1968 et quant au lieu, un port d’Angleterre. Moitessier se prépare à Plymouth, en compagnie de son ami Loïck Fougeron sur Captain Brown, et d’autres concurrents comme Nigel Tetley et Bill King, dans un esprit d’entraide et de fraternité. Il part de Plymouth, en même temps que Loïck Fougeron, le 22 août 1968.

Six mois après le départ, après avoir passé les trois caps, Moitessier annonce sa décision de continuer sa route, en envoyant un message au lance-pierre sur le pont d’un cargo :

« Je continue sans escale jusqu’aux îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer et peut-être aussi pour sauver mon âme. »

Sa décision surprend tout le monde car il est donné vainqueur. Il tourne le dos à la gloire et à l’argent, ce qui va paradoxalement le rendre célèbre. Il reste fidèle à lui-même et au projet initial de ce grand sillage. Ces dix mois de solitude en mer se sont révélés en plus de l’aventure maritime exceptionnelle, une aventure intérieure. Revenir au point de départ ne fait alors plus sens pour lui.

Sur neuf participants, un seul finira : Robin Knox-Johnston en 310 jours sur Suhaili.

Arrivé à Tahiti, après 303 jours de mer, il rédige La Longue Route en deux ans et cède ses droits d’auteur au Pape pour aider à « reconstruire le monde ».

1969-1980 : Pacifique - Polynésie et Nouvelle Zélande

Pendant le travail d’écriture, il rencontre Ileana Draghici dont il a des jumeaux nés prématurément en octobre 1971, Erwan et Stephan. Erwan ne vivra que quelques jours. En même temps sort son livre « La Longue Route ».

Après les années d’écriture, il reste encore un an à Tahiti à découvrir et à participer avec curiosité et enthousiasme à l’évolution des mentalités des années post-1968 au sein d’un petit groupe de « copains » qui se réunissent sur le quai de Papeete à refaire le monde. Il devient un peu leur « guru ». Puis, en 1973, il prépare Joshua pour un départ avec sa compagne et leur fils vers la Nouvelle Zélande. Sur la route, il découvre l’atoll de Suvarov. Ne pouvant obtenir de visa de travail en Nouvelle-Zélande, ils ne peuvent s’y installer, mais rentrent en contact avec le mouvement pacifiste anti nucléaire, germe de Green Peace.

A cette époque, un voilier, le « Fri » manifeste pacifiquement aux abords de l’atoll de Mururoa (Polynésie Française) contre les essais nucléaires, avec à son bord des personnalités comme le général de la Bollardière, Brice Lalonde ou le père Jean Toulat. Suite à l’arraisonnement du voilier par les autorités françaises, la presse française ne réagit pas. Il en est révolté et démoralisé, il parle de perte de foi en l’humanité.

En quête d’une nouvelle direction à donner à sa vie, il part en Israël, suite à la lecture de l’enseignement de Gurdjief par Ouspensky « Fragments d’un enseignement inconnu» et à la rencontre de Phil Diskin, psychologue américain. En passant par Paris, il récupère les droits d’auteur que le Pape n’a pas touchés. Dans une petite communauté, il suit le stage de ce « maître », qui consiste « à affûter son esprit en vue d’une œuvre créatrice dont chacun détient le choix entre ses mains ». Il y pratique le «rappel de soi» ou « pleine conscience », à travers méditation, taichi, travail de la terre et jeûne.

Sur le retour, il fait escale en France et curieux, s’informe au gré de nombreuses rencontres, des changements depuis 1968 en métropole. A cette époque, en 1974, règne la crainte d’une prochaine crise majeure, crise pétrolière.

A son retour, avec sa compagne, il s’installe sur l’atoll d’Ahé, dans l’archipel des Tuamotu et y apporte à bord de Joshua, un chargement de terre, d’arbres fruitiers et de matériaux divers pour s’y établir et vivre en autarcie, un peu à l’écart du village. Il crée un jardin potager à force de patience et de sueur, là où rien ne poussait en protégeant la terre avec des palmes de cocotier et en utilisant un compost. Il tente d’entraîner les habitants du village à changer leurs habitudes, en luttant contre les rats, en utilisant le compost, et en plantant des arbres fruitiers. Il ramène de Tahiti des chatons pour lutter contre les rats qui détruisent les noix de coco et réduisent ainsi la production de coprah source de revenus des Paumotu. Ses amis le surnomment « Tamata », ce qui veut dire : « essayer» en Tahitien.

Il développe ainsi et met en pratique ce qu’il nomme sa « participation à la création du monde » à l’échelle de ce microcosme qu’est l’atoll et souhaite l’étendre au-delà. Malheureusement, ses idées ne sont pas suivies dans la durée. Après trois années sur l’atoll, la famille retourne à Moorea.

Régulièrement, il repart en mer en direction l’atoll de Suvarov (Cook Isalnds) où il approvisionne Tom Neale, ermite néozélandais vivant en autarcie, et plante des centaines de cocos sur un petit îlot et creuse un puits. C’est pour lui un véritable lieu de ressourcement et une façon de participer à la transformation de ce bout de terre.

Pour étendre sa démarche, il lance un appel aux maires de France pour planter des arbres fruitiers sur le domaine public en offrant une grande partie de ses économies au premier, comme acte de solidarité envers les plus démunis. Le maire de Lachelle (Oise) est l’heureux bénéficiaire de sa générosité.

Il met en œuvre un autre projet qui lui tient à cœur depuis l’Indochine : promouvoir l’enseignement des idéogrammes chinois dans les écoles, en vue de favoriser une meilleure communication « universelle » et contribuer ainsi à la paix entre les peuples. Il entreprend une campagne épistolaire abondante auprès de chefs d’état et des journaux.

 

1980-1985 : Californie, Hawaï, Tahiti

Il quitte la Polynésie avec sa famille pour tenter, en Californie, de remplir la caisse du bord et d’écrire un nouveau livre qu’il porte en lui d’une façon impérative. Basé à Sausalito, en baie de San Francisco, il pratique divers métiers : conférencier avec projection de son film « The Long Way », manœuvre dans un chantier de construction, gardien d’une propriété et il enseigne la navigation astronomique. Mais cela ne suffit pas à faire vivre la famille et à lui permettre d’écrire. Il choisit alors de partir pour le Costa Rica, où la vie est moins chère. Il embarque avec lui un célèbre client : Klaus Kinsky, qui souhaite apprendre à naviguer. Faisant escale à Cabo San Lucas au Mexique pour débarquer son élève, il se fait surprendre par un cyclone qui jette Joshua sur la plage . Après avoir vidé le sable et récupéré ce qu’il pouvait, se sentant incapable de remettre lui-même en état le bateau, à 58 ans, il cède « l’épave » à deux jeunes Joe et Reto Daubenberger qui se proposent de la racheter. Il les aide à remettre Joshua à l’eau, faute de quoi il serait détruit. La coque est juste cabossée mais reste solide et étanche. Par contre, tout le reste est à refaire (mât, gréement, équipement).

Grâce à un élan de solidarité, il construit un nouveau voilier dans un chantier à Richmond, en baie de San Francisco, qu’il baptise Tamata en rappel du surnom qu’on lui attribuait.

Il quitte la Californie pour Hawaï où il reste dix mois. Il y rédige de nombreuses lettres aux journaux à travers les USA pour militer contre le surarmement (c’est la période de la guerre froide entre les deux grandes puissances que sont les USA et l’URSS) en proposant la solution de la désescalade nucléaire unilatérale. Puis il retourne à Tahiti pour tenter l’écriture.

1986-1994 : Paris-Bretagne - Ecriture de « Tamata et l'Alliance »

Après des essais infructueux à Hawaï puis à Tahiti, il trouve un lieu propice à l’écriture : la banlieue parisienne (Issy les Moulineaux puis Vanves), suite à sa rencontre avec Véronique Lerebours à Tahiti. Le travail va durer huit ans et demi. Un cancer se déclare en 1989. Fin 1990, il découvre et adopte avec Véronique un coin de Bretagne Sud, dans le Morbihan, où il vient se ressourcer régulièrement et renouer un temps avec la terre en plantant arbres fruitiers et légumes.

Cette fois, le livre «Tamata et l’Alliance» couvre sa vie entière et il y décrit pour la première fois sa jeunesse indochinoise, l’amour pour ce pays natal et les blessures indélébiles de la guerre. Il y expose son cheminement et l’enseignement de sa vie. Le titre traduit sa philosophie : expérimenter par soi-même (Tamata) tout en tentant de vivre en harmonie avec l’Univers et en amitié avec les dieux (l’Alliance), « dieux » de son enfance, en rappel à la culture indochinoise. Les blessures de l’Indochine sont cicatrisées, la transmission réalisée. Il passe une dernière année en Polynésie en 1993 pour terminer son livre tout en renouant avec les tropiques, avec Tamata et le lagon. Le livre sort en novembre 1993. Malgré la fatigue de la maladie, il effectue de nombreuses séances de dédicace.

Il a l’opportunité de retourner sur les traces de sa jeunesse, de Saïgon jusqu’au village de ses vacances, en février 1994. Il y retrouve quelques anciens qui l’accueillent chaleureusement. Il s’éteint quelques mois plus tard, le 16 juin, en son domicile de Vanves (92), entouré et serein. Il est ensuite inhumé dans le cimetière du Bono le 21 juin 1994.

Visionnaire quant à la dégradation de la planète par l’homme, il a semé des « graines » de liberté , d’écologie, de simplicité volontaire, de chaîne de solidarité, de pleine conscience, d’esprit de paix et de pardon. Il nous laisse en héritage ce leitmotiv d’oser sa propre voie et la vision d’une humanité qui doit impérativement changer de niveau de conscience pour continuer à exister.