Livres

Vagabond des mers du Sud
Vagabond des Mers du SudFlammarion, collection Aventure vécue (1ère édition 1960) : « Un Vagabond des mers du Sud »

Flammarion, Collection Classiques Arthaud (Dernière édition 2011, préface Véronique Lerebours) : « Vagabond des mers du sud »

Autre édition française : J’ai Lu
Éditions étrangères (anglais, allemand, roumain, néerlandais…)

 

Lorsque Bernard Moitessier quitte une première fois l’Indochine à bord du Snark, un ketch dévoré par les tarets, puis une seconde fois, en solitaire, à bord de Marie-Thérèse, une jonque aux formes harmonieuses, c’est dans des conditions de précarité propres à effrayer les plus téméraires. Pourtant il affronte la mousson pendant quatre-vint-cinq jours consécutifs, avant de faire naufrage aux îles Chagos. Il sauve sa vie, mais son bateau, toute sa fortune, a sombré.

Jeté à la côte sans aucune ressource, ce garçon aussi courageux que fataliste, travaille et économise afin de pouvoir construire, de ses mains, un nouveau bateau. Trois ans plus tard, il reprend la mer en direction de l’Afrique du Sud et des Antilles, s’arrêtant au gré de sa fantaisie et déployant à chaque escale des prodiges de débrouillardise pour vivre et entretenir son embarcation.

C’est cette étonnante aventure que raconte ici Bernard Moitessier, ce passionné de la mer devenu l’un des plus grands navigateurs de tous les temps.

 

Extrait :

Je dis « nous », puisque nous étions deux: Marie-Thérèse et moi. En réalité nous ne faisions qu’un, comme ne font qu’un le corps et l’esprit qui habite ce corps.

Cette fusion de l’homme et du bateau s’était établie progressivement, par étapes : à notre première rencontre, j’étais simplement amoureux de cette belle jonque du golfe de Siam aux formes pleines et robustes, fleurant bon l’huile de bois, avec sa pièce d’étrave jaillissant de l’avant pour en prolonger gracieusement la forte tonture, montrant à la fois le ciel et l’horizon… et les terres derrière cet horizon.

Mais pour que le bateau et l’homme ne fassent qu’un, totalement, il fallut, je pense, la Mousson de l’océan Indien où nous étions allés nous égarer candidement, « pour voir si c’était vrai », un peu comme pour jouer.

Or « c’était vrai » : la Mousson ne jouait pas.

Cap Horn à la voile, 14 216 milles sans escale
Cap Horn à la Voile Arthaud collection Mer (1ère édition 1966, préface Jean-Michel Barrault)
Flammarion, Collection Classiques Arthaud (Dernière édition 2013)
Autre édition: J’ai Lu

14 216 milles en 126 jours, en 1966, il s’agit de la plus longue traversée sans escale jamais effectuée par un yacht. Ce fameux yacht n’est pourtant qu’un petit bateau de 13 tonnes, sans moteur, baptisé Joshua en l’honneur du grand marin Joshua Slocum. Du Pacifique à l’Atlantique, la route la plus rapide est celle qui passe par le cap Horn et qui oblige à affronter les eaux puissantes et les tempêtes des hautes latitudes. Bernard Moitessier et sa femme, mèneront Joshua à bon port après avoir réalisé un tour du monde express les menant de la France jusqu’à la Polynésie avec un retour via les côtes acérées de la Terre de Feu.

Extrait :

Cette mer non plus, je ne l’ai jamais vue de ma vie. Vouloir la décrire obligerait à des comparaisons : dunes, collines, montagnes dans le lointain, par exemple. Cela ne cadrerait pas du tout. Penser « hauteur », « contours », « formes » ne convient pas non plus. Parler de « chaos » n’aurait pas plus de sens. (…) [avec] ce que nous contemplons, Françoise et moi, assis côte à côte sur le roof, spirituellement fondus l’un dans l’autre, fascinés, hypnotisés par cette mer d’où rayonne une puissance colossale, une beauté totale, absolue.

C’est vrai, l’horizon n’existe plus, ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Debout sur le roof, bien calé contre la bôme de grand-voile, sextant en main, je ne peux voir que la mer. Joshua a beau se hisser le plus haut possible sur la crête des plus hautes lames, il y en a toujours une encore plus haute pour cacher l’horizon, où que je regarde.

La Longue Route, seul entre mers et ciels...
La Longue Route Arthaud collection Mer (1ère édition Flammarion, Collection Classiques Arthaud (dernière édition 2011, préface de Gérard Janichon)
Autre édition: J’ai Lu

Bernard Moitessier a acquis une renommée internationale après son tour du monde et demi en solitaire, en 1968-1969, à la suite duquel il publie La Longue Route, sans doute le livre le plus emblématique, qui fut traduit en plusieurs langues. Un chant, un poème à la mer, où l’homme, son bateau et les éléments se pénètrent et vibrent à l’unisson.

Parti le 22 août 1968 de Plymouth pour participer au tour du monde en solitaire et sans escale organisé par le Sunday Times, Bernard Moitessier, après avoir « bouclé la boucle » en vainqueur, ne s’arrête pas et décide de poursuivre sa route. Ce marin hors norme a voulu aller jusqu’au bout de la résistance humaine et de celle de son bateau, sur une mer tour à tour câline ou rugissante comme un fauve. C’est, à l’époque, le plus long voyage en solitaire, 37 455 milles sans toucher terre, dix mois seul entre mer et ciel, avec les dauphins, les poissons volants, les oiseaux et les étoiles.

 

Extrait (Passage du Horn) :

Ce soir plus que jamais j’éprouve le besoin viscéral de laisser une partie de mon corps en contact direct avec l’extérieur pour pressentir et tâter les choses qui vivent tout au fond de la nuit. Les yeux, les oreilles, les mains. Et même la nuque. Si je pouvais être pieds nus… mais ce n’est pas possible.

Je cherche une odeur, celle des glaciers et des algues de la Terre de feu. Je respire la nuit jusqu’au fond de mes fibres, et je sens comme des présences amies qui cherchent cette odeur avec moi. Mais les algues et les glaciers sont bien trop loin, plus de cent milles sur la gauche.(…)

Bientôt minuit. Je n’ai pas sommeil. J’attends au pied du grand mât. Je le sens frémir sous ma main pendant les surventes. Ça peut encore aller…. (…)

Minuit passé. Le vent ne mollit pas. Les lames sont hautes, très hautes. (…) Je devrais amener le reste de la grand-voile et peut-être aussi la trinquette. (…) Mais les coups de surf sont là, stupéfiants parfois, et le loch a déjà marqué quarante-neuf milles en six heures. La vitesse limite de carène est dépassée. Et puis, je ne sais pas… réduire la toile en ce moment, non. Quelque chose serait rompu. Le Horn est trop près pour permettre de réduire la toile tant que les choses vont encore, même si ça ne va plus tout à fait.

Des surventes force 9 durent quelques secondes à chaque lame, pendant le dernier tiers du versant d’attaque. Alors tout devient blanc autour, le bateau lofe d’une dizaine de degrés pendant la rafale et je sers plus fort la drisse de grand-voile. (…) J’ai une terrible envie d’aller sur le balcon du bout-dehors… Je n’ose pas dépasser la trinquette. Elle marque l’extrême limite de la sagesse. L’eau dans un coup de surf, ce n’est plus de l’eau, c’est de la roche.

(..) Ivresse de la vitesse…mais c’est bien plus encore.

Une rafale. (…) Je tiens dur l’étai de trinquette. Bottes pleines. La petite girouette est toujours là, elle a sûrement trempé dans la mer pendant le coup de gîte mais n’a pas cassé. Je lui envoie un baiser.

Tamata et l'Alliance
Tamata et l'Alliance Flammarion Arthaud (1ère édition 

Flammarion, Collection Classiques Arthaud (Dernière édition Autre édition illustrée : Éditions Guérin, collection Texte et Images (2002)

Autre édition: J’ai Lu

Tamata et l’Alliance » est le récit de l’aventure d’une vie. Sous le regard attentif des dieux de son Asie natale, Bernard Moitessier nous emmène d’abord à travers une jeunesse magique passée en Indochine. Dans son village du golfe de Siam qui a laissé en lui une empreinte indélébile, il entend pour la première fois l’appel de la mer. Puis vient une guerre fratricide entre Français et Vietnamiens, le déchirement, le départ du pays de ses racines vers l’immense horizon avec sa jonque Marie-Thérèse. Commence alors une aventure maritime et humaine à multiples facettes, celle d’un pionnier, jalonnée de luttes continuelles pour conquérir et préserver ses choix fondamentaux. Passé la quarantaine, ce sera « La longue route », stupéfiante navigation de dix mois sans escale en solitaire, dont il sortira différent pour toujours. Après ce tournant majeur et durant les vingt-cinq années qui suivront, il s’efforce de transmettre (en Polynésie, en Amérique et en Europe) ce que la vie lui a enseigné d’essentiel : participer à l’évolution du monde par la transformation de nos rêves en actes créateurs.

Tamata et l’Alliance  se lit comme un conte épique où se côtoient et s’affrontent à chaque carrefour d’une existence aux rebondissements imprévus, l’enfant aimé des dieux et son redoutable ennemi le Dragon.

Tamata et l’Alliance  est l’aboutissement d’une foi absolue dans notre libre arbitre : à nous seuls appartient le choix de guider notre destin au lieu de le subir. Ce livre est un cri d’alarme à nos contemporains sur l’urgence du réveil des consciences au niveau planétaire.

Tamata et l’Alliance est le regard serein d’un homme feuilletant son album d’images, parcours d’un vagabond qui ose s’attaquer à des objectifs plus grands que sa propre personne. Son dernier objectif concerne tous les humains.

 

Extrait

Mon passé d’Indochine, je l’ai pris dans mes mains, j’en ai fait une gerbe et j’y ai mis le feu.

De ses cendres encore chaudes, j’ai retiré ce qui n’avait pas brûlé, le vrai, le solide, l’essentiel, petite poignée d’intangible aussi légère qu’un nuage, dure cependant comme la plus dure des pierres. J’ai soufflé sur la cendre, j’en ai balayé les dernières traces qui essayaient de s’accrocher à moi, ne conservant au fond du cœur que le précieux diamant libéré de sa gangue.

Voile, mers lointaines, îles et lagons
Voile, Mers Lointaines, Iles et Lagons Arthaud Flammarion (1ère édition 
Arthaud Flammarion  collection


Esprit Voyageur(2ème édition


Flammarion  collection classique Arthaud (3ème édition

 

« Je voudrais maintenant écrire un bouquin technique sur la mer, les bateaux, la vie de Robinson, mais en trois dimensions. » Tel était le souhait de Bernard Moitessier une fois achevée l’écriture de Tamata et l’Alliance en août 1993, en Polynésie.

Ce « bouquin », c’est celui qu’il aurait aimé trouver lorsqu’il a embarqué pour la première fois : un recueil d’expériences pour aider le néophyte à surmonter les problèmes au moment de se lancer dans la grande aventure ; un carnet plein d’astuces qui regroupe tout le savoir-faire d’un prodigieux marin ; un manuel simple qui montre que la mer reste la mer malgré l’évolution galopante de la technologie.

Cette nouvelle édition propose une version rénovée de cet ouvrage paru pour la première fois, un an après le décès de Bernard Moitessier, grâce aux soins de Véronique Lerebours Pigeonnière, sa dernière compagne.

 

Extrait

La navigation de plaisance demande une longue patience. Traverser un océan est l’étape décisive, fabuleuse, pleine de découvertes d’un rythme nouveau. Aucune terre en vue, c’est le moment de faire corps avec son bateau, de s’attaquer à la navigation et de suivre dans le ciel et la mer les signes du temps ; c’est maintenant que l’on apprend petit à petit à donner à son bateau la puissance dont il a besoin pour être au mieux de sa forme sans risquer l’avarie. Le bichonner, surveiller l’usure, trouver son propre rythme, d’activité et de repos, choisir sa route, perfectionner un réglage et s’adapter aux éléments : la navigation au long cours est un apprentissage constant.